La voix est l’un des vecteurs principaux de nos états d’âme. Elle est liée à nos émotions, nos ressentis, notre humeur, nos tensions corporelles. Pourtant nous avons tendance à masquer nos émotions et à ne pas laisser transparaitre qui nous sommes vraiment. Nous faisons abstraction de ce que nous envoie notre corps et négligeons cette alchimie corps/voix indissociable dans l’acte de parler ou de chanter.
Pourquoi est-ce si difficile de s’exprimer, d’oser prendre la parole, de se trouver légitime, d’oser la voix ? Même humblement, même maladroitement. Pourquoi est-ce si compliqué d’aller à la rencontre des autres, expliquer, transmettre, vendre, convaincre, séduire, partager, entrer en relation ?
Je rencontre régulièrement des personnes très compétentes pour qui prendre la parole est un véritable challenge, voire une souffrance. La peur du regard de l’autre, du ridicule, du jugement, du conflit, ainsi que toutes les croyances qui accompagnent l’acte de parler les mettent souvent en position d’infériorité et de faiblesse. L’impression que la voix n’est pas en adéquation avec sa personnalité, qu’elle « trahit » une fragilité, qu’elle n’évoque pas le message à faire passer… Ce sont des remarques fréquentes et presque banales.
Il y a à mon sens bien des explications à cela : une éducation « à la dure » avec son cortège d’injonctions de perfection. Une institution scolaire qui ne prend pas le temps de favoriser notre place en tant qu’orateur ou personne de valeur qui a son mot à dire. Certains contextes professionnels qui valorisent à outrance la performance, la compétition, les success stories… laissant de côté les personnalités plus mesurées et plus introverties…
Courageux et bien « dressés », nous tentons, parfois au prix de grandes souffrances psychiques, de rentrer dans le moule, de mettre notre « masque social », de nous conformer à ce que l’on attend de nous.
Nous ajoutons à cela des croyances souvent fausses sur ce que nous pensons déceler chez les personnes qui nous écoutent ou qui nous demandent quelque chose. Nous faisons nos propres projections et cela peut nous être néfaste.
Comment dans ces différents contextes laisser sortir la voix, le son, le souffle ? Celui qui nous appartient, qui fait écho en nous ?
Je tente une réponse : En osant le temps d’une écoute de soi. En mettant une intention derrière sa parole, quelle qu’elle soit : parler à des clients, à des prospects, à son équipe, à son supérieur, à sa famille, ses amis, ses enfants… En interprétant cette prise de parole, en incarnant son message.
Il ne s’agit pas ici de se transformer en comédien hors pair mais de faire corps avec le message que vous avez à transmettre, d’être en adéquation avec ce que vous devez dire. C’est votre singularité qui entre en jeu. C’est ce qui fait votre personnalité profonde. C’est votre humanité, à tous les sens du terme. La voix suit cette intention et cette incarnation. Elle fait corps avec vous et vous accompagne dans l’acte d’oser. Elle peut être votre meilleure alliée dans ce début de travail pourvu que vous lui (et vous) fassiez confiance et que vous considériez cette « mise en marche vocale » dans la constance et l’humilité.
Oser sa voix, c’est tout le contraire de la performance ou du volontarisme. Ce n’est pas dessiner un personnage que vous n’êtes pas. Ce n’est pas copier-coller des pratiques trop entendues ou lues qui laisseraient entendre qu’il n’y a qu’une seule manière de bien chanter, de bien prendre la parole en public, de s’exprimer, de placer la voix… Certes il y a des pratiques, des manières de faire plus propices à l’échange et à l’écoute, des techniques qui évitent une fatigue vocale… mais ce qui compte c’est qu’elles viennent de votre propre expérience et personnalité et que vous soyez convaincus de « ce qui sort de vous ». Oser sa voix c’est finalement oser son identité propre et la revendiquer sans tension ni violence.
Oser sa voix est un chemin « en conscience », dans une introspection positive et bienveillante. C’est tenter de trouver des mots justes dans une intention juste avec une voix équilibrée qui sort du corps et du cœur. Oser sa voix c’est se « transe-former » !!